Favoriser la biodiversité
L’agriculture a un rôle majeur dans la protection des espèces. Les coops et négoces qui accompagnent les agriculteurs au quotidien se trouvent aujourd’hui naturellement impliqués dans cette question environnementale.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
La biodiversité est un enjeu majeur de protection de l’environnement au même titre que la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Elle fait ainsi partie des « neuf limites de la planète » reconnues par les Nations unies depuis 2012, qui sont des seuils à ne pas dépasser pour ne pas compromettre les conditions d’habitabilité de la terre. Parmi ces limites, la biodiversité fait partie des cinq qui sont déjà dépassées.
« Il est donc trop tard pour être pessimiste sur le sujet », soulignait Gilles Bœuf, ancien président du Muséum national d’Histoire naturelle, le 2 février dernier, lors de la journée « Agriculture et biodiversité » organisée grâce au Casdar (compte d’affectation spécial au développement agricole et rural). De fait, il n’est plus temps seulement d’alerter, mais bien d’agir pour limiter les tendances en cours et adopter des pratiques de restauration. Et dans cette dynamique qui doit être trouvée, l’agriculture a un rôle absolument majeur à jouer tant elle occupe une forte partie de l’écosystème terrestre.
1Des supports pédagogiques
Pour pousser des bonnes pratiques ou simplement susciter l’envie pour les agriculteurs de s’emparer du sujet, plusieurs acteurs pointent la nécessité de communiquer et de capitaliser sur les pratiques. Agrial a, par exemple, diffusé les résultats du programme GIEE (Groupement d’intérêt économique et environnemental) Abeille normande du Calvados, pour lequel il était partenaire sur la durée de fonctionnement, de 2016 à 2019. Plusieurs fiches thématiques ont ainsi été éditées, présentant les différents points clés issus du retour d’expérience et des travaux d’études. La coopérative, qui a enclenché depuis un projet sur le sujet auprès des adhérents, éleveurs laitiers Grand Fermage, s’appuie sur le support vidéo notamment pour partager de bonnes expériences entre agriculteurs.
« La biodiversité est par ailleurs intégrée dans la communication auprès des adhérents, et ceci de façon ciblée aux périodes clés où les problématiques se posent, souligne Pierre-Vincent Protin, responsable du service agronomique au sein du pôle agriculture d’Agrial. Les visites d’exploitation fonctionnent également très bien pour créer de l’émulation. »
De façon assez didactique, la chambre d’agriculture du Nord-Pas-de-Calais a quant à elle édité un guide spécial « Observer la biodiversité sur mon exploitation », avec des fiches par espèces. Bien d’autres matériaux existent déjà qui sont autant de supports dont peuvent s’emparer les entreprises pour lancer des démarches autour de la biodiversité, les accompagner et les faire vivre.
2Susciter de nouvelles pratiques
Travailler sur la biodiversité nécessite de renforcer certaines pratiques, d’en faire évoluer d’autres et d’en adopter de nouvelles. Les plantations de haies, les mises en place de bandes enherbées, la réduction des indices de fréquence de traitements sont des pistes pour y parvenir. Ces changements sont considérés parfois comme des charges supplémentaires, mais ils peuvent aussi apporter des bénéfices. « Tout est toujours multifactoriel sur le sujet de la biodiversité sur une exploitation agricole. Il est très difficile de mesurer exactement les bénéfices économiques de chaque pratique, d’autant plus que certains effets positifs ne peuvent être ressentis qu’après quelques années », note Pierre-Vincent Protin.
Les agriculteurs expriment cependant souvent le besoin d’être soutenus financièrement dans leurs changements, ne serait-ce que pour pouvoir partager justement l’effort qui est consenti. Différents dispositifs peuvent être activés à différentes échelles du territoire.
3Des corridors écologiques
Travailler avec des exploitations isolées peut présenter certaines limites en termes d’impact sur la biodiversité. L’échelle géographique de certaines populations des écosystèmes dépasse parfois largement l’échelle d’une exploitation agricole. La biodiversité mérite ainsi d’être travaillée à l’échelle des territoires pour permettre également de reconnecter les écosystèmes entre eux par des zones de continuité écologiques, des trames vertes et bleues. Cette approche nécessite de travailler différemment et en concertation plus large entre les différents acteurs des territoires
4Une seule santé globale
Une nouvelle approche des mesures de renforcement de la biodiversité est d’intégrer les pratiques qui lui sont favorables d’une façon générale comme étant une partie résultant d’une santé globale incluant les sols, la qualité des produits agricoles, la santé des plantes cultivées, le bien-être de l’agriculteur, de l’animal, l’économie de l’exploitation, le voisinage… Cette vision doit permettre de créer des cercles vertueux qui embarquent également la santé économique de l’exploitation et des filières.
5Valoriser auprès du grand public
Les acteurs de l’agrofourniture attestent globalement d’un fort intérêt des agriculteurs sur le sujet et d’une forte attente pour revaloriser leur image. La communication auprès du grand public est donc une porte d’entrée intéressante pour impliquer le public des producteurs. La mise en place de labels est une autre possibilité pour trouver une valorisation d’image, voire financière. Les entreprises de la distribution elles-mêmes peuvent prétendre à certains labels comme « entreprises engagées pour la nature », qui est la déclinaison française de « act4nature ».
Alexis Dufumier
Pour accéder à l'ensembles nos offres :